1. A combien s’élève le montant de l'évasion fiscale pratiquée par Ikea depuis 2009 ?
Le montant estimé est de 1 milliards d'euros
2. Comment procéde Ikéa pour échapper à l'impôt dans les pays de ses filiales qui vendent en Europe ?
Ikea a crée une filiale au Pays Bas, qui tranfère ses bénéfices à d'autres filiales au Luxembourg et au Liechtenstein, dans lequel les impôts sont moins élevés. Le reportage n'explique pas le processus de commerce intrafirme qui rend possible le déplacement des bénéfices : la filiale A d'Ikea (en France) à l'ordre d'acheter très (trop) cher une matière première, ou un produit, à la filiale B d'Ikea basée au Luxembourg. Ainsi, la filiale A enregistre une lourde dépense, qui réduit son bénéfice, tandis que la filiale B enregistre une forte recette qui augmente son bénéfice. Cela tombe bien, les bénéfices sont beaucoup moins imposés au Luxembourg ;-)
3. Combien de millions d'euros ne sont pas payés par Ikéa en Allemagne et en France, en 2014 ? Quelles sont les conséquences ?
En Allemagne, 35 millions d'euros, et en France, 24 millions d'euros, ne sont pas perçus par le fisc. Cela alimente le déficit budgétaire et contraint le gouvernement à réduire ses dépenses (rien que que la somme Ikea France, c'est à peu près 600 professeurs de moins par an).
4. Où va cet argent qui n'est pas versé sous forme d'impôt ?
Il est probable que cette somme soit ensuite reversée aux actionnaires de l'entreprise, ce qui alimente le processus d'accroissement des inégalités économiques.
Video 3 Extrait du journal 20h France 2, 08/09/2003, repris sur Youtube par Ina durée 2:13 Qu'est ce que l'OMC ?
Lire les élément de cours sur le thème
64. Mondialisation de la production et FTN
Les firmes multinationales prennent aujourd'hui une part importante dans le commerce international et exerce une influence considérable sur la mondialisation en cours. Il faut définir et expliquer cette influence. (V1)
65. Définition FMN et FTN
Une firme multinationale (= FMN) est une entreprise qui a des activités économiques dans plusieurs Etats à la fois. Elle est donc constituée d'une société mère et de filiales (contrôle d'au moins 50% du capital social d'une entreprise) dans d'autres Etats. On recense en 2012, 83 000 multinationales avec 810 000 filiales (70 000 multinationales avec 690 000 filiales à l'étranger en 2004), provenant essentiellement des PDEM (mais il existe un nombre croissant de FMN provenant d'Etats comme la Chine, l'Inde, le Brésil?). On leur attribue un quart du PIB mondial en 2010.
On parle maintenant de firmes transnationales (FTN, sigle utilisé notamment par la CNUCED) pour insister sur la mutation en cours : les FMN dépassent leurs attaches nationales (sans les abandonner) pour traverser les autres Etats (c'est un passage, pas forcément une destination finale). La FTN produit en dehors de son territoire d'origine (par le biais d'au moins une filiale).
La CNUCED proposait par ailleurs, un indice de trans-nationalité des Nations à partir d'une moyenne de 4 indicateurs : flux entrants d'IDE par rapport à la FBCF, stock d'IDE rapporté au PIB, VA des filiales étrangères en % du PIB, emploi dans les filiales étrangères en % de l'emploi total.
- En 2001, l'Irlande, la Belgique et le Luxembourg sont à plus de 75, contre 12 pour la France et 9 pour les USA (moins de 1 pour le Japon, qui reste très fermé !).
(V1)
66. La croissance des IDE (Investissements directs à l'étranger)
L'implantation d'une entreprise à l'étranger donne lieu à un investissement direct à l'étranger (IDE).
- Il y a IDE lorsqu'une entreprise crée une entreprise ou lorsqu'elle prend une participation significative au capital d'une entreprise étrangère déjà existante (acquisition d'au moins 10 % de ses actions) dans le but de nouer une relation durable. L'IDE doit être distingué de l'investissement de portefeuille qui est un placement financier réalisé avec un objectif de bénéfice à court terme.
- On observe une croissance spectaculaire des IDE et des FAT (fusions acquisitions transfrontalières)
-- La valeur totale des IDE a été multipliée par 34 en 30 ans (flux annuel de 1400 milliards de $ en 2000 largement alimenté cependant par la bulle boursière : on retombe à 500 en 2003, on passe à 1350 en 2012), le stock passant de 5% du PIB mondial à 14% en 2000, et à 25% en 2004, et en 2012. De manière très significative, les flux d'IDE passent de 5% à 7,5% de la FBCF entre 1990 et 2003 (+50%) ce qui signifie que les entreprises pensent de plus en plus à l'international.
-- Les fusions acquisitions transfrontalières (FAT) passent de 100 milliards de dollars au début 90 à 1100 milliards en 2000 puis 300 en 2003 (Les FAT représentant une partie des flux d'IDE avec les créations, les réinvestissements de filiales ou encore les opérations internes).
(V1)
67. Origine et destination des IDE
Les IDE restent encore une affaire encore occidentale, mais des pays émergents et dynamiques apparaissent dans les flux
- La quasi-totalité des investisseurs à l'étranger provenaient des nations développées occidentales (90.8% des flux sortants en 99, 93% en 2002).Les principales nations d'accueil étaient également des nations développées (soit 73.4% des flux entrants en 98 et 80% en 2002, ce qui est une remise en cause de l'idée selon laquelle les FTN s'implantent massivement dans les PED parce que les coûts de production sont plus bas).
- Mais les pays émergents représentent aujourd'hui (dernières données CNUCED, 2012) un poids croissant (près de 31% du total des investisseurs, plus de 50% des IDE entrants). L'Afrique longtemps à l'écart, semble enfin devenir une destination des IDE.
- La France en 2001, était la 3ème destination mondiale avec autour de 52 Milliard $, derrière les Etats-Unis (125), le Royaume-Uni (53), mais devant les Pays-Bas (50), l'Union Économique Belgo-Luxembourgeoise (51), et l'Allemagne (32), source CNUCED. Mais dans les années 2000-2012, la France recule en tant que destinataire et en tant qu'émetteur d'IDE (10-15ème avec des fluctuations selon les années, autour de 30 milliards de $ reçus par an). Cela n'appuie pas l'argument d'une baisse de l'attractivité et de la compétitivité de la France, car le recul dans le classement s'explique avant tout, par la forte montée en puissance des pays émergents dans la décennie 2000-2010.
- Le secteur de services représente maintenant plus de 50% des IDE entrants (notamment services financiers, distribution, publicité, télécoms). Il faut noter que la France reste la première destination touristique mondiale (83 millions de touristes par an).
- On compte environ 20 000 entreprises étrangères implantées en France en 2012 employant 2 millions de personnes, et réalisant 1/3 des exportations. Les multinationales sont parmi les plus puissantes du monde (32 dans le top 500, 2012) et contrôlent 31000 filiales dans le monde (CA 2012 en milliards $ : Total 240.5, GDF 128.4, Carrefour 103.5, EDF 95.9, EADS 74.5).
(V1)
68. Les stratégies d'internationalisation des FMN
Les FTN ont suivi plusieurs stratégies dans l'histoire. Aujourd'hui, les 4 grandes logiques coexistent. Une même multinationale, selon les produits, selon les secteurs, va aujourd'hui utiliser simultanément les quatre grandes approches. (V1)
69. La recherche du moindre coût de production : la première DIT
Les FTN cherchent d'abord à assurer leur approvisionnement au début du 20ème siècle (intégration verticale en amont : filiales-comptoirs). Elles partent à la recherche de matières premières non disponibles, ou moins coûteuses pour diminuer leurs coûts de production. Cela correspond à la division internationale du travail classique (au nord, les produits manufacturés, au sud les produits primaires). L'objectif de recherche de coûts de production moindres (salaires, prix des matières premières, taxes moins importantes, subventions attrayantes...) vise à améliorer la compétitivité-prix, surtout quand le produit en fin de vie subit une concurrence nouvelle (cf. théorie du cycle de vie de Raymond Vernon, qui stipule que tout produit passe par plusieurs phases : développement, lancement, croissance, maturité et déclin). (V1)
70. La recherche du débouché et des compétences
Ensuite, elles implantent des filiales dans les destinations et marchés d'accueil (intégration verticale en aval : filiales-relais). L'objectif est de se rapprocher du consommateur local dans les marchés émergents. La filiale locale connait mieux les habitudes culturelles de la clientèle visée, qui constitue un débouché supplémentaire pour la maison mère.
La concurrence entre entreprises de taille mondiale pousse ces dernières à s'implanter sur le marché national de leurs concurrents (délocalisations et relocalisations), afin de bénéficier des avantages (accéder à des technologies particulières, ou/et à une main d'?uvre qualifiée ou/et à une clientèle locale aux préférences différentes, profiter des effets d'agglomération comme à la Silicon Valley) et/ou contourner des obstacles (par exemple, échapper aux droits de douane, au droit du travail, au droit fiscal, c'est-à-dire selon R. Mundel, échapper aux régulations protectionnistes?).
A cela s'ajoute un processus de concentration à l'échelle internationale (dans le cas des fusions-acquisitions) pour bénéficier d'économies d'échelle (baisse du coût de production unitaire par augmentation de la production cf. exemple de Renault et Nissan, General Motors et Opel...) et accroitre le pouvoir de marché (capacité à imposer son prix à des clients captifs ou des fournisseurs isolés). Les stratégies de différenciations permettent d'obtenir des monopoles localisés sur des produits.
(V1)
71. La décomposition internationale des processus productifs (DIPP)
De 1960 à 1980, la tendance est plutôt aux filiales-ateliers (réalisation d'une étape de la production pour minimiser les coûts de production). On est plutôt aujourd'hui dans une optique de rationalisation de la production à l'échelle mondiale : la FTN cherche à faire produire le composant dans la nation où cela est le moins coûteux. Cela relève de la logique de « décomposition internationale des processus productifs » (DIPP). Bien souvent, la FMN localise les activités de conception et de design dans les pays développés, là où se trouvent des compétences rares, fait réaliser les différents composants dans les pays les plus efficaces sur ce composant (c'est-à-dire, les moins coûteux), et localise le montage dans une nation aux coûts de main d'?uvre faible, ou encore dans une nation disposant de technologies avancées (chaines de montages semi automatiques).
On est dans une logique d'externalisation systématique (faire faire plutôt que faire, transfert d'une fonction d?une entreprise vers une entreprise sous-traitante) où la firme va faire appel à des sous-traitants atomisés contraints d'abandonner leurs marges d'exploitation pour survivre.
Définition Externalisation
Transfert d'une fonction d?une entreprise (par exemple entretien, comptabilité?) réalisée en interne par des salariés, vers une entreprise sous-traitante reliée par un contrat commercial (plus facile à rompre en cas de désaccords qu'un contrat salarial protégé par le droit du travail). Faire faire plutôt que faire est généralement moins couteux, car les sous-traitants sont souvent en position de faiblesse vis-à-vis de l'entreprise « donneur d'ordre » qui peut alors faire jouer la concurrence et imposer des prix bas.
Il s'agit de décomposer la production en différents segments et affecter chaque segment à une zone géographique où la production est la moins coûteuse et où des compétences spécifiques sont localisées. La DIPP (Décomposition Internationale du Processus productif) est la production des parties d'un même bien dans différentes nations.
(V1)
72. La situation actuelle : l'optimisation générale
Aujourd'hui les stratégies diversifiées et relevant aussi des logiques précédentes, suivent une logique de concentration conglomérale (filiales-marges). Il s'agit de diviser les unités de production en autant de « centres de profit » autonomes auquel on donne des objectifs chiffrés exigeants. Les conditions de fiscalités locales peuvent aussi favoriser la création de filiales fictives, simple réceptacle des bénéfices réalisés ailleurs (Google en Irlande, par exemple), utilisant le mécanisme des prix de transfert. (V1)
73. Commerce intra firme et prix de cessions interne
Définition commerce intra-firme
Type de commerce effectué entre des filiales d'une même société multinationale. Ce type de commerce est particulièrement difficile à contrôler et à imposer, car la société mère peut facilement localiser les marges bénéficiaires dans les Etats les plus favorables fiscalement, en jouant sur des prix internes de cession fantaisistes.
On constate que le commerce intra-firme (échanges commerciaux entre filiales appartenant au même groupe, en forte progression) représente près d'un tiers (1/3) du commerce mondial. La FTN développe alors un commerce captif. Une société mère importe ce qu'ont produit ses filiales, elle assemble puis elle exporte.
La FTN peut ainsi spectaculairement augmenter les marges bénéficiaires (répondant ainsi aux injonctions des actionnaires) car le processus de production a été optimisé à l'échelle de la planète afin de réduire au maximum les coûts de production, les coûts sociaux, fiscaux et environnementaux (en se soustrayant à la puissance publique locale), et cela malgré le coût des transports.
Par exemple, la Pontiac « Le Mans » de General Motors fabriquée en Corée du sud pour les opérations de montage, au Japon pour le moteur et les composants électroniques, en Allemagne pour le dessin de la carrosserie, en Grande-Bretagne pour la publicité (cf. exemple célèbre de Robert Reich en 1993). Idem pour les châssis de Peugeot et Citroën fabriqués en Slovaquie.
Cette forme de commerce est particulièrement difficile à contrôler par les Etats : la société mère peut ainsi facilement localiser les marges bénéficiaires dans les Etats fiscalement les plus favorables, en jouant sur des prix internes de cession fantaisistes.
Exemple : la multinationale X, localisée en Suisse, fait vendre du caoutchouc venant d'une filiale d'Indonésie, à une filiale française. En fixant un prix de cession interne du caoutchouc très élevé, elle pèse sur les coûts de production de la filiale française (qui ne dégage alors pas de bénéfices) tandis que la filiale indonésienne, à l'environnement fiscal et social plus favorable, dégage d'importants profits (qui seront ainsi moins taxés).
(V1)
74. Le pouvoir de marché des FTN
1/3 des échanges correspondent à des échanges entre FTN et autres agents économiques. Les FTN, de plus en plus concentrées au niveau mondial, disposent donc d'un pouvoir de marché (= capacité à imposer ses prix et ses conditions) non négligeable en menaçant à leur guise, d'abandonner des fournisseurs locaux ou des distributeurs externes (exemple de Mac Donald).
La taille moyenne des FTN est en constante augmentation accroissant leur capacité d'influence. Le CA des plus grandes FTN est ainsi supérieur au PIB de beaucoup d'Etats (cf. études du PNUD : le CA de Wall Mart est équivalent au PIB de la Norvège, 20ème puissance mondiale, celui de Toyota est supérieur au PIB du Portugal, etc.).
Le magazine Fortune donne régulièrement (juillet 2013) le classement des 500 plus puissantes FMN (CA exprimé en millions de $ courants, et montrant une forte progression des sociétés asiatiques dans les 10 dernières années : de 100 à 200 sur 500, l'Europe restant à 150 ? dont 32 France, 32 Allemagne, 26 Grande Bretagne, et l'Amérique du nord passant de 200 à 150),
Au total donc, les FTN contrôlent directement ou indirectement les 2/3 du commerce mondial (source : ONU)
(V1)
75. Conséquences de l'internationalisation sur les nations d'accueil : attentes et séductions
Les Etats espèrent des retombées positives en termes d'emplois, de R&D et de croissance pour les PDEM, ou en termes de transferts technologiques pour les PED. Les avantages attendus sont nombreux :
- Apport immédiat d'épargne extérieure (même si les capitaux sont flottants) et investissement local créateur d'activité.
- Capacités de production et transferts technologiques. Les transferts de technologie et la formation de la main d'?uvre locale peuvent aussi favoriser la productivité de la nation d'accueil, surtout s'il est en développement (exemple du transfert de la technologie TGV2 de la France vers la Corée en 2004, Alsthom gardant la maîtrise la technologie TGV3).
- Effet d'entrainement entre secteurs économiques
- Recettes fiscales supplémentaires liées à l'activité économique
Ils se livrent donc à une lutte acharnée pour attirer les investisseurs étrangers et leur proposer l'environnement le plus favorable possible (mise en concurrence des Etats). La séduction passe par :
- des arrangements fiscaux,
- du dumping social et du dumping environnemental,
- la suppression de toutes les barrières réglementaires, et la mise en place de passe-droits institutionnalisés (exemple de l'AMI),
- des engagements publics sans contreparties,
- un effort permanent des PDEM pour élever les qualifications, et augmenter l'attractivité fiscale et sociale, alors même que les FTN implantées se refusent à prendre part à cet effort (notamment, en « délocalisant » leurs marges bénéficiaires).
La mise en concurrence des Etats descend même au niveau des territoires. On le voit par exemple, avec l'implantation d'Amazon en France, avec des élus locaux qui n'hésitent pas à subventionner massivement des ouvertures locales de plateformes logistiques : Orléans, Montélimar, Chalon-sur-Saône, Douai.....
(V1)
76. Les risques d'une implantation de FTN
L'implantation des FTN n'est pas sans créer de nombreuses perturbations
- Disparition des emplois locaux et des entreprises locales dépassées par la technologie de la filiale implantée (cas fréquent dans les PED). Dans les PDEM, de nombreuses études pointent du doigt l'impact des délocalisations sur le chômage. Mais il ne faut pas surestimer cet effet. Ces inquiétudes sur l'emploi sont parfois démenties par des études empiriques qui montrent que le solde destruction par délocalisation/création d'emplois par développement reste positif (cf. rapport Arthuis en 1993, et aussi partie sur le protectionnisme).
- Pression à la baisse sur les salaires (effet Wal-Mart). L'impact sur les inégalités salariales semble avéré dans les PED comme dans les PDEM. En effet, la firme met en concurrence directe des salariés issus de zones sociales différentes.
- Destruction de l'environnement local (voir chapitre sur le développement durable).
- Corruption de la classe politique locale.
- Extrême mobilité et volatilité des investissements. Les FTN peuvent fermer leurs unités de production très vite, après avoir perçu les aides locales. Nike n'hésite pas à changer de nation d'accueil tous les 4 ou 5 ans au fur et à mesure de l'augmentation des coûts salariaux.
- Mise à l'écart cumulative des PED les plus pauvres, les moins attractifs (demande potentielle faible comme en Afrique noire), les plus instables politiquement (Proche Orient, Afrique du Nord)
(V1)
77. Les cadres économiques, règlementaires et juridiques sont affectés par le lobbying des FTN
Le fonctionnement efficace des FTN dépend de la libre circulation des capitaux et des marchandises. Les FTN mènent donc souvent en s'alliant dans des clubs, des actions de lobbying intensives et efficaces pour défendre leurs intérêts et diffuser une idéologie favorable à l'ouverture.
C'est ainsi que 4 grandes firmes anglo-saxonnes du contrôle des comptes (KPMG, Ernst&Young, Deloitte Touche Tohmasu, PriceWaterhouse) ont réussi à modifier et à standardiser l'ensemble des systèmes de comptabilités au niveau mondial (dans un sens favorables aux intérêts des investisseurs internationaux, en ne faisant apparaître que de la création de valeur pour l'actionnaire : les actifs ne sont plus estimés à leur valeur d'achat actualisée, mais à leur valeur potentielle en bourse, nettement plus élevée en période de bulle !), et l'imposent aux Etats (en Europe, à partir de janvier 2005). On estime que la crise de 2008 trouve une de ses principales sources dans cette réforme de la comptabilité.
Elles réussissent aussi à modifier les systèmes de droit nationaux et internationaux dans un sens qui leur est favorable. C'est ainsi que de nombreuses volontés de réglementation en matière financière (taxe Tobin) ou environnementale (Kyoto) ont été noyées et modifiées progressivement sous l'impact des lobbies et de campagnes de presse hostiles.
Les techniques du lobbying pour influencer les processus législatifs en amont, sont parfois illégales (corruption de fonctionnaires, menaces et assassinats ciblés dans les nations en développement), elles sont le plus souvent subtiles et indirectes (contrôle des médias et campagne de presse, campagne de diversion, enrôlement d'experts, harcèlement des décideurs et fourniture de documentation biaisée, défraiements de voyages, appel à des experts sous-traitants, etc...(Voir par exemple, le film « Promised Land » en 2013). (V1)
78. Les Etats sont affaiblis
Le processus d'ouverture remonte aux années 80, après l'arrivée au pouvoir de Reagan aux USA et Thatcher en GB. De multiples mesures ont été prises pour enlever aux Etats tous leurs moyens de contrôle et ouvrir totalement les frontières (en France, on peut citer le « big bang boursier » en 1986, et la suppression des contrôles de capitaux aux frontières). Les Etats eux-mêmes sont donc à l'origine de la décision de ne plus contrôler les mouvements de capitaux.
La mondialisation financière et la mondialisation de la production atténuent fortement l'autonomie économique des Etats vis à vis des FTN, et leur capacité à peser sur la conjoncture de leur nation (interdépendance qui se traduit par la contrainte extérieure). Les marges de man?uvre réelles des Etats en matière de contrôle des capitaux et des échanges sont de plus en plus limitées, puisque les remontées d'informations sont réduites, en raison du recul des règlementations (pourtant l'informatisation des échanges financiers donne une nouvelle possibilité technique aux Etats : le contrôle de la firme responsable de la centralisation mondiale des échanges de capitaux Clearstream ex Swift, basée au Luxembourg. Mais encore faut-il une réelle volonté politique de réguler, et être en capacité de résister aux lobbies).
Par exemple, les décisions de politique économique (politique monétaire sur taux d'intérêts, politique budgétaire usant du solde budgétaire) affectent des variables extérieures, et peuvent entrer en conflit avec l'intérêt direct de certaines FTN. Ainsi, accroitre les prélèvements fiscaux et sociaux pour financer une politique de redistribution conduit à un accroissement du coût du travail, et peut inciter des FTN à renoncer à des projets d'investissements, ou même à changer la localisation de leurs activités (cf. plus haut) (V1)
79. Conclusion générale : la nécessité d'une régulation internationale
Les Etats sont condamnés à s'entendre et à se coordonner pour trouver un moyen de réguler l'économie mondialisée (réguler = contrôler les écarts, rendre régulier, éviter les à-coups).
On voit donc apparaitre de plus en plus d'organisations supra nationales (par exemple, le G8 ou le G20, une réunion régulière des 8 ou 20 pays les plus développés économiquement qui essayent d'harmoniser leurs décisions économiques), les anciennes institutions construites après la seconde guerre mondiale essayent de redéfinir leurs missions (le FMI, par exemple). (V1)
Faire un QCM automatique sur le thème
Temps de travail estimé : 20 minutes
Etudier les documents typiques sur ce thème
Temps de travail estimé : 90 minutes
Doc. 1
Doc. 2
Doc. 3
Doc. 4
Doc. 5
Champ : enquête d'opinion réalisée en France auprès de chefs d'entreprises industrielles exportatrices de 20 salariés ou plus.
Source : d’après INSEE, 2008.
Lecture : environ 59 % des chefs d'entreprises industrielles fortement exportatrices interrogés, jugent que l’innovation et la recherche-développement sont un facteur déterminant la compétitivité sur les marchés étrangers.
Doc. 6
Source Eurostat 2015 : Tableau
(1) Le coût horaire de la main d’œuvre correspond à l’ensemble des coûts (salaires, cotisations sociales, impôts) supportés par les unités de production pour employer un salarié.
(2) « wage » = salaires, « Non-wage » = cotisations sociales et impôts. Champs : tous secteurs sauf agriculture et administrations publiques
Doc. 7
La firme ne s'engage pas si elle n'a pas conscience de détenir des avantages compétitifs spécifiques : un avantage technologique, une marque, un accès privilégié au marché étranger, l'apprentissage que lui a procuré l'exportation vers ce marché. (...) Quant aux pays où elle est susceptible de s'implanter, ils doivent présenter des avantages comparatifs. (...)
La disparité(1) entre les salaires du pays d'origine et ceux des pays hôtes est supposée susciter l'IDE(2). Telle quelle, cette explication est inexacte théoriquement : la productivité du travail est omise. Et concrètement : les IDE ne se concentrent pas au Bouthan, au Mali ou à Madagascar où les salaires sont les plus faibles. L'IDE est attiré dans les pays ayant le rapport le plus avantageux entre coût salarial, charges incluses et productivité du travail. (...)
En outre, la main-d'oeuvre doit avoir les qualifications requises en pays hôte; la qualité relative du capital humain peut donc attirer l'IDE. Les différences de productivité renvoient aussi à des écarts technologiques entre pays.
Source : Les multinationales globales, ANDREFF Wladimir, 2003. (dans sujet 2013 Nelle Calédonie)
(1) Disparité : écart.
(2) Investissement direct à l'étranger: création d'un lieu de production à l'étranger ou acquisition d’au moins 10% de la propriété d'une entreprise située à l'étranger.
*La macroéconomie (terme introduit en 1933 par l’économiste norvégien Ragnar Frisch) est
l'approche théorique qui étudie l'économie à travers les relations existant entre les grands agrégats économiques,
le revenu, l'investissement, la consommation, le taux de chômage, l'inflation, etc. Cf. Wikipédia.